Histoire

La réalisation d’une frontière bien démarquée et efficace entre deux nations exige de la patience et un travail acharné qui se poursuit dans le temps. La définition de cette frontière entre le Canada et les États-Unis a débuté avec la signature du Traité de Paris en 1783 en vue de définir la frontière entre l’Amérique du Nord britannique et les États américains. Au cours des années, le Canada et les États-Unis ont créé une série de commissions temporaires pour superviser l’arpentage de la frontière, sa cartographie et son entretien.

En 1794, le Traité de Jay donna lieu à la création d’une commission qui devait localiser la source de la rivière St. Croix. En 1858, une commission a été mandatée d’arpenter la frontière a l’ouest des montagnes Rocheuses et, en 1872, une commission fut formée afin d’arpenter la frontière à l’ouest du lac des Bois.

Au fil du temps, 20 ententes, conventions et traités pouvant impliquer quatre nations souveraines (le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie) ont été négociés afin de définir la frontière au fur et à mesure des déplacements de la population vers l’ouest et ensuite vers le nord.

Ce qui suit est une liste non exhaustive de traités, conventions, adjudications et ententes selon lesquels les sections de la frontière ont été définies et acceptées. Les historiens, chercheurs et passionnés d’histoire trouveront, dans les rapports officiels, une mine de renseignements et de détails supplémentaires sur la création de la frontière 

Le traité de Versailles de 1783

Ce traité établissait la frontière entre les États-Unis d’Amérique récemment formés et les colonies britanniques en Amérique du Nord depuis « l’embouchure de la rivière St. Croix dans la baie de Fundy » jusqu’au point situé à l’extrême nord-ouest du lac des Bois et puis, en direction ouest jusqu’au fleuve Mississippi et vers l’aval le long de ce cours d’eau.

Le traité de Jay de 1794

Ce traité stipulait que deux commissaires devaient décider quel cours d’eau était la rivière St. Croix et de plus que, si la ligne tracée en direction de l’ouest depuis le point à l’extrémité nord-ouest du lac des Bois ne coupait pas le fleuve Mississippi, les deux parties devraient négocier à l’amiable pour établir la frontière dans ce secteur.

Le traité de Ghent de 1814

Ce traité stipulait que les commissaires devaient décider de la souveraineté sur plusieurs îles dans la baie Passamoquoddy et déterminer où se situaient « l’angle nord-ouest de la Nouvelle-Écosse » ainsi que la source nord-ouest de la rivière Connecticut et qu’une carte de la frontière devait être dressée. Le segment de la frontière désigné « The North Line » (la ligne Nord) reliant la source de la rivière St. Croix à « l’angle nord-ouest de la Nouvelle-Écosse » fut levé et borné en vertu de l’article V de ce traité. Les articles VI et VII stipulaient que les commissaires devaient décider du tracé de la frontière entre le 45e parallèle et le point situé à l’extrémité nord-ouest du lac des Bois. En vertu de ce traité, on parvint à s’entendre sur une partie de la frontière, mais non sur les parties de la ligne empruntant la rivière St. Marys et à la tête du lac Supérieur.

La convention de 1818

L’article II de la Convention de 1818 stipulait que, depuis le point situé à l’extrémité nord-ouest du lac des Bois, la frontière prendrait la direction du nord ou du sud jusqu’au 49e parallèle qu’elle suivrait jusqu’aux montagnes Rocheuses. Plus loin à l’ouest, le tracé de la frontière restait à établir.

Le traité Webster-Ashburton de 1842

Puisque les commissaires nommés en vertu du Traité de Gand ne purent convenir du tracé de la frontière au nord-est des États-Unis et puisque le jugement du roi des Pays-Bas, agissant en vertu des articles IV et V de ce traité, fut rejeté par les États-Unis, ce ne fut pas avant le Traité Webster-Ashburton de 1842 qu’il y eut entente quant à la frontière entre la source de la rivière Ste-Croix et le fleuve Saint-Laurent. Par ce traité, on s’entendait également quant aux segments de la frontière situés entre la rivière St. Mary’s et l’extrémité nord-ouest du lac des Bois, au sujet desquels l’on n’avait pu s’entendre suite au Traité de Grand.

Le traité de l’Oregon de 1846

Le Traité Oregon de 1846 prolongeait la frontière depuis le sommet des Rocheuses, vers l’ouest le long du 49e parallèle, jusqu’au détroit de Georgia puis vers le sud et l’ouest par le détroit Juan de Fuca jusqu’au Pacifique. Un désaccord quant à la partie de la frontière passant sur l’eau dans les détroits aboutit à l’arbitrage et à un jugement rendu par l’empereur d’Allemagne, qui fut formellement accepté dans le protocole de 1873.

Convention de 1892

C’est en vertu de la Convention de 1892 que la frontière fut établie entre les îles de la baie Passamoquoddy et que furent prises les dispositions nécessaires en vue d’un levé conjoint de la frontière avec l’Alaska depuis le chenal Portland jusqu’au 141e méridien.

Adjudication du tribunal de l’Alaska

La question de la frontière avec l’Alaska prit une place de premier plan avec la ruée vers l’or du Klondike en 1898 et, par consentement mutuel, une frontière provisoire fut établie en 1899 au-delà de l’extrémité intérieure du chenal Lynn et dans les cols Chilkoot et White. En 1903, une convention entre les deux pays permettait la création du tribunal de la frontière de l’Alaska dans le but de régler la question de la frontière au sud-est de l’Alaska. Suite au jugement rendu le 20 octobre 1903, le levé et le bornage de la frontière furent entrepris par M. W.F. King, astronome fédéral, et M. 0. H. Tittman, directeur du Coast and Geodetic Survey des États-Unis, qui furent nommés commissaires en vertu de cette même convention. 

En 1905, un court segment de la frontière au sud-est de l’Alaska, non défini en vertu du jugement, et pour lequel les commissaires s’entendirent par la suite, fut formellement accepté par les deux pays à la suite d’un échange de notes. 

En 1906, deux commissaires (King et Tittman) furent nommés en vertu d’une convention pour exécuter le levé et le bornage de la frontière entre le Yukon et l’Alaska sur le 141e méridien. Les travaux sur le terrain furent exécutés en 1913.

Le traité de 1908

En 1908, on signait un traité prévoyant une démarcation plus complète de la frontière de l’Atlantique au Pacifique et l’établissement de cartes modernes exactes sur toute sa longueur. Bien que les segments de la frontière dans les terres aient été marqués par des bornes, des tertres ou des cairns de pierres, les parties de la frontière traversant des étendues d’eau étaient jusqu’alors tracées sur des cartes dressées par les précédents commissaires sous forme de lignes courbes traversant les divers lacs et rivières, et la frontière n’était pas du tout représentée sur la carte de la rivière Ste-Croix. Le traité de 1908 renfermait des dispositions concernant un bornage convenable de la frontière au moyen de bouées, de bornes et d’alignements ainsi que par tout autre moyen jugé souhaitable par les commissaires. Les stipulations du traité devaient être appliquées le long de chacune des parties de la frontière sous la direction de deux commissaires nommés par chaque pays. Dans le cas du segment empruntant le fleuve Saint-Laurent et les Grands Lacs, les travaux furent cependant entrepris par la Commission internationale des eaux navigables (aujourd’hui disparue), qui comptait trois commissaires de chacun des pays.

Le traité de 1910

En vertu d’un traité, il fut établi en 1910 que la frontière traverserait la baie Passamaquoddy jusqu’en un point situé au milieu du chenal Grand Manan.

Le traité de 1925

En 1925, un nouveau traité apportait quelques ajustements mineurs au tracé de la frontière dans le chenal Grand Manan, à l’extrémité nord-ouest du lac des Bois et sur le 49e parallèle, où de ligne légèrement incurvée entre les bornes elle fut changée en segments rectilignes. C’est également ce traité qui comportait des dispositions prévoyant l’entretien continu de la frontière internationale par des commissaires nommés en vertu du traité de 1908 et leurs successeurs.